Rakuten, ce nom évoque spontanément l’e-commerce pour la plupart des Français. Pourtant, derrière cette plateforme de vente en ligne se cache un empire technologique japonais aux multiples facettes, dont les ambitions télécoms commencent à faire parler d’elles en Europe. Avec son projet Rakuten Mobile, l’entreprise de Hiroshi Mikitani bouleverse les codes traditionnels des opérateurs et réinvente l’infrastructure réseau grâce à des technologies révolutionnaires.
Cette expansion dans les télécommunications ne relève pas du hasard. Rakuten cultive depuis longtemps une vision d’écosystème intégré où commerce électronique, services financiers et connectivité se nourrissent mutuellement. Une stratégie audacieuse qui interroge l’avenir du secteur des télécoms, particulièrement dans un marché français déjà saturé par quatre opérateurs bien établis.
Si Rakuten Mobile reste encore largement méconnu en France, son impact au Japon force le respect. Premier opérateur entièrement virtualisé au monde, il chamboule les certitudes techniques et économiques du secteur. Décryptage d’un acteur qui pourrait bien redéfinir les règles du jeu télécom européen dans les années à venir.
Qui se cache vraiment derrière l’empire Rakuten ?
Rakuten Inc. naît en 1997 sous l’impulsion d’Hiroshi Mikitani, jeune diplômé de Harvard Business School animé par une vision : créer l’Amazon japonais. Cette ambition initiale va rapidement déborder le simple e-commerce pour embrasser une multitude de secteurs connexes.
L’ascension de Rakuten suit une logique d’expansion concentrique particulièrement intelligente. Partant de sa marketplace originelle, l’entreprise étend progressivement son influence vers la banque avec Rakuten Bank, l’assurance avec Rakuten Life Insurance, les cartes de crédit, les voyages, jusqu’aux services de streaming vidéo. Cette diversification crée un écosystème où chaque service renforce les autres.
Aujourd’hui, Rakuten pèse plus de 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel et emploie près de 28 000 personnes dans le monde. L’entreprise revendique plus de 100 millions de membres dans son écosystème global, principalement concentrés au Japon mais avec une présence croissante en Asie, Europe et Amérique du Nord.
Cette réussite s’appuie sur une culture d’entreprise distinctive mêlant esprit startup et rigueur japonaise. Mikitani impose l’anglais comme langue de travail dès 2010, une révolution dans l’archipel nippon qui témoigne des ambitions internationales du groupe. Cette ouverture culturelle facilitera plus tard l’expansion européenne de Rakuten.
Le modèle économique de Rakuten repose sur la monétisation croisée de ses différents services. Un utilisateur de la marketplace peut être sollicité pour une carte de crédit Rakuten, puis pour une assurance auto, créant ainsi un cercle vertueux de fidélisation et de revenus récurrents. Cette approche holistique va directement inspirer la stratégie télécom de l’entreprise.
Pourquoi Rakuten s’est-il lancé dans les télécommunications ?
L’entrée de Rakuten dans les télécommunications découle d’une réflexion stratégique profonde sur l’évolution des usages numériques. Pour Hiroshi Mikitani, contrôler l’infrastructure de connectivité représente la clé de voûte d’un écosystème numérique intégré.
Cette vision prend forme concrètement au Japon en 2014, lorsque Rakuten obtient sa licence d’opérateur mobile virtuel (MVNO). Mais l’ambition va bien au-delà : dès 2017, l’entreprise se porte candidate pour une licence d’opérateur mobile à part entière, avec un projet révolutionnaire d’infrastructure entièrement virtualisée.
L’approche Rakuten Mobile rompt radicalement avec les pratiques traditionnelles du secteur. Là où les opérateurs classiques s’appuient sur des équipements propriétaires de grands constructeurs (Nokia, Ericsson, Huawei), Rakuten développe une architecture ouverte basée sur des serveurs standards et des logiciels open source.
Cette révolution technique, baptisée « fully virtualized cloud-native mobile network », permet théoriquement de réduire drastiquement les coûts d’infrastructure. Rakuten revendique des économies de 40% par rapport aux réseaux traditionnels, tout en offrant une flexibilité inégalée pour déployer de nouveaux services.
Au-delà des considérations économiques, cette stratégie télécom s’inscrit dans une logique d’écosystème. Rakuten Mobile ne vise pas seulement à vendre des forfaits, mais à créer un point d’entrée privilégié vers l’ensemble des services du groupe. Un abonné mobile peut ainsi être dirigé naturellement vers les solutions de paiement, les services bancaires ou la marketplace e-commerce.
Cette intégration verticale offre des opportunités marketing inédites. Rakuten peut proposer des forfaits mobiles subventionnés en échange d’achats sur sa plateforme, ou récompenser la fidélité télécom par des points utilisables dans l’écosystème Rakuten. Une approche qui redéfinit complètement la relation client dans les télécoms.
Comment fonctionne la révolution technologique de Rakuten Mobile ?
L’innovation technique de Rakuten Mobile repose sur un concept révolutionnaire : le « cloud-native network ». Concrètement, cela signifie que l’ensemble de l’infrastructure réseau fonctionne comme une application cloud, déployée sur des serveurs banalisés plutôt que sur des équipements spécialisés.
Cette architecture s’appuie massivement sur la virtualisation des fonctions réseau (NFV – Network Functions Virtualization) et la définition logicielle des réseaux (SDN – Software Defined Networking). En pratique, les fonctions traditionnellement assurées par du matériel dédié sont remplacées par des logiciels s’exécutant sur des serveurs standards.
Rakuten Mobile collabore étroitement avec de nombreux partenaires technologiques pour développer cette approche. Intel fournit les processeurs et l’expertise en virtualisation, Red Hat apporte son système d’exploitation OpenShift, tandis que des startups comme Altiostar ou Robin Systems développent les briques logicielles spécialisées.
Cette stratégie présente plusieurs avantages théoriques majeurs. D’abord, la réduction des coûts grâce à l’utilisation de matériel générique plutôt que d’équipements propriétaires onéreux. Ensuite, la flexibilité : de nouvelles fonctions peuvent être déployées rapidement par simple mise à jour logicielle, sans intervention physique sur les sites.
L’évolutivité constitue un autre atout crucial. Rakuten Mobile peut théoriquement adapter sa capacité réseau en temps réel selon la demande, en ajoutant ou retirant des ressources virtuelles. Cette élasticité rappelle les principes du cloud computing appliqués à l’infrastructure télécom.
Cependant, cette révolution technologique ne va pas sans défis. La complexité de gestion augmente considérablement, nécessitant des équipes hautement qualifiées en informatique et télécoms. Les performances ne sont pas toujours au rendez-vous, particulièrement lors des premiers déploiements. Rakuten Mobile au Japon a ainsi connu des difficultés initiales de couverture et de qualité de service.
Quelle est la stratégie européenne de Rakuten ?
L’expansion européenne de Rakuten s’articule autour d’une approche pragmatique mêlant acquisitions stratégiques et développement organique. En 2021, le groupe rachète l’opérateur espagnol MásMóvil pour 5 milliards d’euros, obtenant ainsi un point d’ancrage solide sur le marché européen.
Cette acquisition ne relève pas du hasard. MásMóvil présente un profil idéal pour servir de laboratoire européen aux innovations Rakuten. Quatrième opérateur espagnol avec plus de 11 millions de clients, il dispose d’une infrastructure moderne et d’une culture d’innovation compatible avec les ambitions du groupe japonais.
La stratégie de Rakuten en Europe diffère sensiblement de l’approche japonaise. Plutôt que de partir d’une feuille blanche avec une infrastructure entièrement virtualisée, l’entreprise privilégie une migration progressive des réseaux existants vers ses technologies cloud-native.
Cette approche évolutive présente l’avantage de réduire les risques techniques tout en permettant de tester grandeur nature les innovations développées au Japon. MásMóvil sert ainsi de banc d’essai pour valider la faisabilité économique et technique du modèle Rakuten sur le marché européen.
L’ambition affichée vise l’expansion vers d’autres marchés européens, particulièrement la France, l’Allemagne et l’Italie. Rakuten étudie différentes options : acquisitions d’opérateurs existants, partenariats stratégiques ou création d’entités ex-nihilo selon les opportunités réglementaires.
Cette stratégie européenne s’inscrit dans une logique plus large d’internationalisation de l’écosystème Rakuten. L’objectif consiste à reproduire en Europe le modèle d’intégration verticale qui fait le succès du groupe au Japon, en connectant télécoms, e-commerce, banque et services numériques.
Quelles sont les forces et faiblesses de l’approche Rakuten ?
L’approche Rakuten Mobile présente des atouts indéniables qui expliquent l’intérêt croissant du secteur pour cette stratégie. L’avantage coût constitue probablement l’argument le plus séduisant. En s’affranchissant des équipements propriétaires traditionnels, Rakuten revendique des économies substantielles sur les investissements d’infrastructure.
Cette architecture ouverte facilite également l’innovation. Contrairement aux réseaux traditionnels verrouillés par les constructeurs, l’approche Rakuten permet d’intégrer rapidement de nouvelles fonctionnalités développées par l’écosystème open source. Une agilité précieuse dans un secteur où l’innovation technologique s’accélère.
L’intégration avec l’écosystème numérique plus large constitue un autre avantage concurrentiel. Rakuten Mobile peut proposer des services différenciés en s’appuyant sur les autres branches du groupe : offres couplées avec l’e-commerce, services financiers intégrés, programmes de fidélité transversaux.
Cette stratégie d’écosystème crée des barrières à l’entrée pour la concurrence. Un client satisfait des services Rakuten développe naturellement une inertie qui complique son passage chez un concurrent proposant uniquement des services télécoms traditionnels.
Cependant, cette approche révolutionnaire ne va pas sans risques significatifs. La complexité technique s’avère considérablement plus élevée que pour un réseau traditionnel. La gestion simultanée des couches matérielles, de virtualisation et applicatives nécessite des compétences rares et coûteuses.
Les performances restent également un défi majeur. Les premières années de Rakuten Mobile au Japon ont été marquées par des problèmes de couverture et de qualité de service, forçant l’opérateur à des investissements complémentaires pour rattraper le retard.
La dépendance aux partenaires technologiques constitue un autre point de vigilance. Contrairement aux opérateurs traditionnels qui s’appuient sur des fournisseurs établis, Rakuten dépend d’un écosystème de startups et d’entreprises technologiques dont la pérennité n’est pas toujours garantie.
Rakuten Mobile pourrait-il s’implanter en France ?
L’hypothèse d’une implantation de Rakuten Mobile en France suscite de nombreuses spéculations dans l’industrie des télécommunications. Plusieurs scénarios paraissent envisageables selon l’évolution du marché français et les opportunités réglementaires.
Le marché français présente des caractéristiques à la fois attractives et contraignantes pour Rakuten. Côté positif, il s’agit du deuxième marché européen des télécoms avec plus de 75 millions d’habitants et un taux de pénétration mobile élevé. La digitalisation avancée de l’économie française créerait un terrain favorable pour l’écosystème intégré de Rakuten.
Cependant, la structure concurrentielle française complique l’équation. Avec quatre opérateurs bien établis (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free Mobile), le marché semble saturé. L’ARCEP ne montre aucun signe d’ouverture vers un cinquième opérateur, contrairement à ce qui s’est passé lors de l’arrivée de Free Mobile en 2012.
Cette contrainte réglementaire oriente Rakuten vers des stratégies alternatives. L’acquisition d’un opérateur existant représente l’option la plus probable, à l’image du rachat de MásMóvil en Espagne. SFR ou Bouygues Telecom pourraient théoriquement faire l’objet d’offres de rachat si leurs actionnaires décidaient de céder leurs participations.
Une autre voie consisterait à s’implanter en tant qu’opérateur mobile virtuel (MVNO) en s’appuyant sur l’infrastructure d’un opérateur établi. Cette approche permettrait de tester le marché français avec des investissements limités avant d’envisager une expansion plus ambitieuse.
Rakuten pourrait également privilégier une stratégie de partenariat avec un acteur français existant. L’apport de technologies cloud-native en échange d’un accès au marché français constituerait un deal gagnant-gagnant, particulièrement avec un opérateur cherchant à moderniser son infrastructure.
Comparaison des modèles économiques télécoms
Critères | Rakuten Mobile | Opérateurs traditionnels | MVNO classiques |
---|---|---|---|
Infrastructure | Virtualisée/Cloud | Équipements dédiés | Location réseau |
Coûts d’investissement | Réduits (-40%) | Élevés | Très faibles |
Flexibilité technique | Très élevée | Limitée | Nulle |
Délai déploiement | Rapide | Long | Immédiat |
Écosystème services | Intégré | Limité | Inexistant |
Complexité gestion | Très élevée | Modérée | Faible |
Risque technologique | Élevé | Faible | Nul |
Différenciation | Forte | Modérée | Faible |
Ce tableau illustre les trade-offs inhérents à chaque modèle. Rakuten mise sur l’innovation et l’intégration au prix d’une complexité accrue.
Comment l’écosystème Rakuten change-t-il la donne ?
L’originalité de Rakuten Mobile réside moins dans ses prouesses techniques pures que dans son intégration au sein d’un écosystème numérique global. Cette approche holistique redéfinit fondamentalement la proposition de valeur d’un opérateur télécom.
Traditionnellement, un opérateur mobile vend de la connectivité : minutes, SMS, data. Rakuten Mobile transforme cette relation en proposant l’accès à un univers de services intégrés. Un abonné ne souscrit pas seulement un forfait, mais rejoint un écosystème où télécoms, e-commerce, banque et divertissement s’articulent harmonieusement.
Cette logique d’écosystème génère des synergies économiques puissantes. Les données collectées via l’opérateur mobile enrichissent les algorithmes de recommandation de la marketplace. Les habitudes d’achat alimentent les offres télécom personnalisées. Les services financiers facilitent le paiement des factures et l’achat de nouveaux terminaux.
Rakuten pousse cette intégration jusqu’aux programmes de fidélité transversaux. Les points gagnés sur la marketplace peuvent réduire la facture mobile. Les achats réglés par carte Rakuten génèrent des bonus utilisables pour des options télécom. Cette circularité crée une dépendance douce mais efficace.
Cette stratégie bouleverse les métriques traditionnelles du secteur. Là où un opérateur classique optimise l’ARPU (Average Revenue Per User) télécom, Rakuten maximise la valeur client sur l’ensemble de son écosystème. Un abonné mobile déficitaire peut générer suffisamment de revenus sur l’e-commerce pour justifier une subvention sur son forfait.
Cette approche remet en question les modèles concurrentiels établis. Comment un opérateur traditionnel peut-il rivaliser avec un acteur capable de subventionner ses services télécoms grâce à ses autres activités ? Cette équation complexe explique l’intérêt croissant des grands groupes technologiques pour les télécommunications.
Quels enseignements tirer de l’expérience japonaise ?
L’aventure Rakuten Mobile au Japon offre un retour d’expérience précieux sur la faisabilité et les défis du modèle cloud-native. Lancé commercialement en avril 2020, l’opérateur revendique aujourd’hui plus de 5 millions d’abonnés, soit environ 4% du marché japonais.
Ces chiffres masquent cependant une réalité plus contrastée. Le déploiement initial de Rakuten Mobile s’est heurté à de nombreuses difficultés techniques. La couverture réseau s’est révélée insuffisante, forçant l’opérateur à s’appuyer massivement sur l’itinérance avec ses concurrents. Une situation embarrassante pour un acteur qui révolutionne prétendument les télécoms.
Les performances réseau ont également déçu lors des premiers mois. Débits instables, zones blanches persistantes, qualité d’appel variable : autant de problèmes qui ont terni l’image de marque de l’opérateur. Rakuten a dû investir massivement pour densifier son réseau et rattraper ses promesses initiales.
Côté économique, les résultats restent mitigés. Malgré des tarifs très attractifs (gratuit la première année, puis 2 980 yens mensuels soit environ 20 euros), Rakuten Mobile peine à générer des profits. Les investissements infrastructure et les coûts d’acquisition client grèvent lourdement les comptes de l’opérateur.
Cette expérience japonaise relativise les promesses de réduction drastique des coûts. Si les économies d’infrastructure sont réelles à long terme, la phase de transition s’avère particulièrement coûteuse. La complexité technique nécessite des investissements humains considérables en compétences rares.
Cependant, les derniers chiffres montrent une amélioration progressive. La qualité réseau s’améliore, les coûts d’exploitation diminuent, la base d’abonnés se stabilise. Rakuten Mobile semble avoir passé le cap critique de son déploiement initial et commence à valider économiquement son modèle.
Quel avenir pour Rakuten dans les télécoms européennes ?
L’évolution de Rakuten dans les télécommunications européennes dépendra largement de sa capacité à adapter le modèle japonais aux spécificités locales. L’expérience espagnole avec MásMóvil constitue un test grandeur nature de cette adaptabilité.
Plusieurs scénarios d’expansion paraissent plausibles pour les années à venir. Le plus probable mise sur une croissance par acquisition, permettant à Rakuten d’hériter d’infrastructures existantes qu’il pourra progressivement migrer vers ses technologies cloud-native. Cette approche évolutive limite les risques tout en accélérant la pénétration du marché.
L’alternative consisterait à créer de nouveaux opérateurs ex-nihilo dans les pays où les autorités de régulation accepteraient de nouvelles licences. Cette stratégie plus ambitieuse permettrait de déployer d’emblée l’architecture révolutionnaire de Rakuten, mais avec des risques techniques et économiques plus élevés.
Rakuten pourrait également explorer des modèles hybrides combinant services télécoms et autres activités du groupe. Des partenariats avec des retailers locaux, des intégrations avec des fintechs européennes ou des alliances avec des plateformes de streaming pourraient reconstituer localement l’écosystème intégré qui fait le succès du modèle japonais.
L’évolution technologique plaide également en faveur de Rakuten. L’arrivée de la 5G et des réseaux de nouvelle génération facilite l’adoption d’architectures cloud-native. Les opérateurs traditionnels devront tôt ou tard moderniser leurs infrastructures, créant des opportunités pour les solutions proposées par Rakuten.
La pression concurrentielle s’intensifie également en Europe. L’arrivée de nouveaux acteurs technologiques dans les télécoms, la multiplication des services over-the-top, la commoditisation progressive de la connectivité : autant de facteurs qui pourraient favoriser l’adoption de modèles économiques innovants comme celui de Rakuten.
Rakuten représente-t-il l’avenir des télécoms ?
Rakuten Mobile incarne probablement une vision d’avenir des télécommunications, mais pas nécessairement la seule possible. Son approche cloud-native et son intégration écosystémique anticipent des tendances lourdes du secteur, sans pour autant constituer une panacée universelle.
L’évolution vers des réseaux logiciels semble inéluctable. La 5G, puis la future 6G, s’appuieront massivement sur la virtualisation et le cloud computing. Dans ce contexte, l’expérience acquise par Rakuten lui confère un avantage concurrentiel indéniable sur les opérateurs traditionnels encore dépendants d’architectures legacy.
L’intégration d’écosystème répond également à une demande croissante des consommateurs pour des services numériques cohérents et simplifiés. La multiplication des comptes, applications et abonnements lasse progressivement les utilisateurs qui plébiscitent les solutions unifiées. Apple, Google ou Amazon l’ont bien compris en développant leurs propres écosystèmes intégrés.
Cependant, le modèle Rakuten ne s’adapte pas forcément à tous les contextes géographiques et concurrentiels. Sa réussite dépend largement de la capacité à reconstituer un écosystème de services complet, ce qui nécessite des investissements colossaux et une expertise multisectorielle rare.
Les régulateurs européens observent également avec attention cette évolution. L’intégration verticale poussée soulève des questions de concurrence et de protection des données. Des règles plus strictes pourraient limiter les synergies entre activités télécoms et autres services numériques.
L’avenir dira si Rakuten parvient à démocratiser son modèle au-delà du Japon. Son succès ou échec en Europe influencera probablement l’évolution stratégique de nombreux acteurs télécoms mondiaux. Une expérimentation grandeur nature dont les résultats façonneront l’industrie des télécommunications de demain.
Rakuten Mobile illustre parfaitement les mutations profondes que traverse le secteur des télécommunications. Entre révolution technologique et réinvention des modèles économiques, cet acteur atypique trace une voie alternative aux schémas traditionnels. Reste à savoir si cette vision d’avenir saura convaincre les marchés européens et transformer l’essai japonais en succès mondial.
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